La légende de Sutton

N.D.L.R. : Cette légende, rapportée et précisée par Denis Boulanger, Paul Dorion, Daniel Laguitton, Denis Lord et Richard Weilbrenner, qui en a fait la rédaction finale, a été présentée à l'équipe de production de La Petite Séduction au tout début du processus de mise en scène. Le comité organisateur souhaitait que cette légende serve à créer les liens entre les différents blocs de l'émission. Idée qui, comme vous avez pu le découvrir en voyant l'émission, n'a pas été retenue. Nous tenions cependant à faire connaître cette légende qui pourrait sans doute être la base d'une nouvelle façon d'apprécier L'Esprit de Sutton.

La Pangée
Il y a très, très longtemps, bien avant le temps des dinosaures, le relief de toute la Terre était plat. Le continent des Amériques commençait juste à se détacher de celui de l’Afrique. Il n’y avait alors ni montagnes, ni ruisseaux, ni forêts. Le silence était parfait. Or voilà qu’à cette époque un esprit dort paisiblement dans le ventre de la Terre. Rien ne trouble le sommeil de cet esprit bienveillant. Il ronfle un peu, et alors la terre est parcourue d’un long frisson. C’est un rêveur formidable. Et tout ce à quoi il rêve se réalise. Quand il rêve aux étoiles, le ciel de la nuit s’illumine comme un arbre de Noël. S’il rêve à la neige, il neige. S’il rêve à la pluie, il pleut. Et s’il rêve au vent, cela fait comme une vibration dans les tuyaux d’un grand orgue…

Plaques tectoniques
C’est ainsi qu’après des millions de siècles d’un sommeil comblé de rêves merveilleux, le relief de toute la Terre se transforme. Ici des montagnes apparaissent, là des sources jaillissent des fissures de la croûte terrestre et déboulent en cascades et en ruisseaux ; puis des arbres s’installent solidement sur les sommets et les pentes ou dans la vallée tout autour pour accueillir des oiseaux, des loups et des ours, des mouffettes, des couleuvres et des souris, des araignées, des bibittes à mille pattes, à huit pattes, à quatre pattes, et puis attention : de grosses bibittes à deux pattes. Et puis quoi encore? Des papillons, des champignons, du foin, des buissons, de l’herbe grasse, des herbes folles et, bien sûr, des fleurs de toutes les couleurs qui embaument l’air de leurs parfums.

Mont Sutton, décembre 2010 - Photo : Richard Leclerc
Puis un beau jour, l’Esprit de la Montagne cesse de rêver pour de bon. Il imprègne désormais toute la nature d’une présence discrète que distillera sa prodigieuse énergie créatrice. C’est alors qu’atterrissent de tous les horizons des gens curieux, inventifs, entreprenants et courageux attirés par une force mystérieuse qui semble émaner de ces montagnes les plus vieilles du monde, leurs formes ayant été patiemment arrondies par des glaciers puissants se déplaçant avec la lenteur des géants.

Lac Mohawk - Photo : Richard Leclerc

C’est grâce à l'influence que l’Esprit exerce sur la beauté des paysages et la gracieuse silhouette des monts Sutton qu’on peut de nos jours en parcourir les sommets et découvrir la grande Marmite des Sorcières, s’extasier devant l’étrange Pierre Perchée (dont la jumelle trône devant la mairie), aller à la pêche aux étoiles dans l’eau pure du cratère sans fond du lac Mohawk, se laisser charmer par le doux murmure de la rivière Sutton, qui baigne ce petit village accueillant où les habitants veulent s’épanouir et vivre en harmonie les uns avec les autres ainsi qu’avec le milieu naturel où ils ont choisi de poursuivre le rêve de l’Esprit de la Montagne… chhhut ! il dort… peut-être a-t-il recommencé à rêver…
Sutton, septembre 2010

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